Incroyable !

Vous êtes nulle part - un terrain vague. Éclairé par des projecteurs de stade, rien n'échappera à vos yeux. Installés en cercle autour de l’arène, vous êtes immergés au sein de la création et la destruction des images. Ces images ne sont pas projetées : pour convoquer ce qui n'est pas présent il y a des corps combattants. Avec eux dans l’arène la caméra les suit, vous projetant dans son œil.

Le chronomètre s'enclenche et on ne peut qu'avancer sans se retourner. Tout concourt à ce que chacun s'intègre au grand défilé des présences-absences. Sol, Lil’ Torso, Vadim, Lyt et Sysko sont suspendus par la poitrine - comme au moment de mourir, comme au moment où il est dit que leur vie va défiler devant leurs yeux. C'est vertigineux. Ils vont comme régurgiter les souvenirs - les histoires d'amours, la violence inouïe, les morts épiques, les pluies d'étoiles filantes, les cris de jouissance, la nuit qui tombe. Voici ce qui se glisse derrière leurs paupières, voici ce qui les anime.  

Incroyable! dissèque nos rapports aux images de l'ère du visuel et de son iconographie nouvelle : saturée et numérique. Nous arpentons les territoires en mutation de nos imaginaires collectifs et intimes. Que retenons nous de ce flot et comment façonne-t-il notre poésie?

"En fait le truc c’est que clignement d'œil ou cadre avec mes doigts, j’arrive pas à me souvenir de quoi que ce soit. 

J’oublie tout

De demain à hier en passant par ici, 

Même là j’oublie tout. 

C’est pas pour faire beau ou quoi que ce soit

C’est comme ça

J’ai envie de tout foutre en l‘air

Mais je sais même plus qui est quoi, 

Quand est où 

Avec qui, 

En quel mois, 

J’oublie tout. 

Des trous noirs partout, 

Tout le temps ; 

Qu’est-ce qui restera ? 

Quelles traces ? 

Quels soirs ? 

Mon rire, ma voix, ma peau ? 

Rien ne me marque, 

Rien ne se grave,

Rien ne s’ancre, 

Tout m’échappe mais c’est si grave ? 

Alors je vous le dis en confiance, 

Je vous le dis en confidence, 

Nique la chance, 

C’est comme ça, 

C’est tout moi. 

J’oublie tout"